Mort de Ted Kotcheff

De façon bien discrète nous avons appris la mort du réalisateur Ted Kotcheff survenu ce 10 avril dernier alors qu'il venait de fêter ses 95 ans trois jours plus tôt.

Né en 1931 à Toronto (Canada), de son vrai nom Velichko Todor Kostadin Tsochev, il est le fils d'immigrants bulgares qui ont ensuite modifié leur nom en Kotcheff pour des raisons de commodités et leur enfant s'est donc appelé pour les mêmes raisons William Theodore Kotcheff dit bientôt Ted Kotcheff.

Diplômé en littérature anglaise à l'Université College de Toronto mais finalement il obtient un poste à la Société Radio-Canada où, à 24 ans, il devient le plus jeune réalisateur de la chaîne CBC. En 1958, il part au Royaume-Uni pour un poste similaire à la chaîne ABC où il devient producteur-réalisateur notamment auprès de l'émission "Armchair Theatre" (1958-1964).

Son nouveau poste lui permet de s'imposer comme un des cinéastes les  plus talentueux de la télévision britannique, oeuvrant pour des émissions TV mais aussi plusieurs téléfilms. Evolution logique il peut ainsi réaliser son premier long métrage de cinéma avec "La Belle des Îles" (1962 - ci-dessous) où James Mason et John Mills sont des officiers en pleine guerre de pouvoir.

Toujours actif à la télévision il aborde aussi le théâtre avec succès en produisant la comédie musicale "Maggie May" (1964-1965) qui remporte le prix Ivor Novello de la meilleure musique et de la meilleure comédie musicale. Dans la foulée il revient au cinéma avec "Les Chemins de la Puissance" (1965 - ci-dessous) avec Laurence Harvey et Jean Simmons dans ce qui est la suite de "Les Chemins de la Haute Ville" (1959) de Jack Clayton.

Toujours en parallèle de son travail sur la chaîne CBC au Royaume-Uni il signe pour le grand écran "Deux Gentleman" (1969) suivi surtout de "Réveil dans la Terreur" (1971) avec Donad Pleasence, connu aussi sous le titre "Outback" mais la film va ensuite être porté disparu durant des années avant que des négatifs soient retrouvés en 2002 à Pittsburgh. Il sera enfin présenté au Festival de Cannes en 2009.

Parmi ses oeuvres télévisuelles citons le téléfilm "Edna, la Femme Ivre" (1971) qui lui vaut le BAFTA du meilleur réalisateur. Plus tard, cette adaptation d'un pièce de théâtre sera classée par les professionnels plusieurs fois parmi les 100 plus grandes émissions de la télévision britannique.

Le cinéaste revient ensuite au Canada et se focalise désormais sur le cinéma. Il réalise le western "Un Colt pour une Corde" (1974) avec Gregory Peck et Jack Warden, retrouvant ce dernier aussitôt après avec "L'Apprentissage de Duddy Kravitz" (1974 - ci-dessous) avec aussi Richard Dreyfuss et Randy Quaid, qui va devenir un Classique du cinéma canadien et qui sera classé plusieurs fois parmi les 10 meilleurs films canadiens de tous les temps.

Remarqué par Hollywood, le cinéaste passe la frontière et tourne la comédie policière "Touche pas à mon Gazon" (1977) avec George Segal et Jane Fonda qui remporte un joli succès, il retrouve le même acteur pour une nouvelle comédie policière avec "La Grande Cuisine" (1978 - ci-dessous) avec aussi Jacqueline Bisset sur un tueur décime les chefs cuisiniers à la manière de leur meilleure recette ! 

Le réalisateur connaît un nouveau succès avec "Les Taureaux de Dallas" (1979), en V.O. "North Dallas Forty" sur la décadence des coulisses du football américain avec Nick Nolte, mais le vrai tournant dans sa carrière arrive en collaborant avec un certain Sylvester Stallone co-scénariste et star de "Rambo" (1982 - ci-dessous avec Stallone) sur les difficultés d'un vétéran du Viêtnam à se réinsérer. Le film est un carton mondial, confirme le statut de star de Stallone dans un film qui engrange près de neuf fois son budget dont plus de 3 millions d'entrées France.

La même année il retrouve son acteur Brian Dennehy pour "Split Image" (1982) drame sur une secte puis aborde plus frontalement cette fois la guerre du Vietnam dans "Retour vers l'Enfer" (1983 - ci-dessous) avec Gene Hackman, l'histoire du film sera ironiquement une inspiration avec les suites de la franchise "Rambo" (1985-2019).

Le cinéaste revient avec le drame "Joshua then and Now" (1985) avec James Woods qui joue un écrivain en crise existentielle, puis signe ensuite "Scoop" (1988) avec Kathleen Turner, Burt Reynolds et Christopher Reeve dans une nouvelle adaptation du roman qui avait déjà donné "La Dame du Vendredi" (1940) de Howard Hawks, puis il réalise "L'Etranger du Froid" (1989) avec Kurt Russell et Kelly McGillis aussitôt suivi de la comédie "Week-End chez Bernie" (1989) dont le petit succès amènera à une suite quatre ans plus tard.

Il tourne la comédie "Folks !" (1992) avec Tom Selleck, puis étonnamment à la télévision, après plus de 20 ans d'absence du petit écran il tourne plusieurs téléfilms à partir entre 1993 et 1999 avec entre temps son dernier long métrage de cinéma avec le film d'action "The Shooter" (1995 - ci-dessous) avec Dolph Lundgren et Marushka Detmers.

A la télévision son dernier travail sera la réalisation de plusieurs épisodes de la série TV "New-York - Unité Spéviale" (1999-2005), mais revient au cinéma entant que producteur-acteur dans "Le Mystificateur" (2003) de Billy Ray, puis une ultime apparition devant la caméra cette fois-ci dans "Le Monde de Barney" (2010) de Richard J. Lewis.

Le cinéaste a épousé l'actrice Silvia Kay en 1962 avec qui il aura trois enfants, puis après son divorce au milieu des années 80 il se mariera une deuxième et dernière fois avec deux autres enfants nés à la fin des années 80.

Ted Kotcheff est donc surtout entré à la postérité grâce à "Rambo" (1982) mais c'est vite oublié qu'il a signé d'autres bons films qui mériteraient un détour.

Ted Kotcheff est mort ce jeudi 10 avril 2025 à l'âge de 95 ans des suites d'une insuffisance cardiaque.