Nope (2022) de Jordan Peele
3ème long métrage forcément prometteur après deux jolies réussites remarquées et saluées, "Get Out" (2017) et "Us" (2019). Deux films qui ont amassé chacun respectivement 50 et près de 13 fois la mise de départ, des succès critique et public qui ont donné les coudées franches au réalisateur-scénariste qui a voulu "un grand film d'extraterrestre, un film sur des soucoupes volantes (...) Et pas seulement un film d'horreur à la base de soucoupes volantes mais vraiment l'essence même de ce sous-genre là. C'est un genre difficile à bien mettre en oeuvre, car il faut voir très grand... (...) Puisque le film se déroule dans le ciel. Rencontres du 3ème Type m'a beaucoup marqué par son ampleur et sa vision mais, surtout, grâce à la capacité de Steven Spielberg à nous faire croire qu'on est vraiment en présence d'un phénomène qui vient d'ailleurs. Dans ce genre cependant, on prête souvent d'innombrables qualités extraordinaires à une civilisation extraterrestre très évoluée. Mais si la réalité était bien plus simple et sombre que tout ce qu'on peut imaginer ?"... Dans un village reculé de Californie, Otis est éleveur de chevaux avec sa soeur Em dans un ranch dans la famille depuis plusieurs génération. Mais d'étranges phénomènes commencent à surgir qui modifient le comportement des animaux et la mort mystérieuse de leur père s'ajoute aux interrogations. Avec l'aide d'amis ils vont tenter de démontrer que ces événements sont dû à un Objet Volant Non Identifié...
Le rancher est incarné par Daniel Kaluuya qui retrouve le réalisateur après "Get Out" (2017) et qui est devenu depuis un acteur majeur avec entre autre "Les Veuves" (2018) de Steve McQueen, "Queen and Slim" (2019) de Melina Matsoukas et "Judas and the Black Messiah" (2021) de Shaka King. Sa soeur est interprétée par Keke Palmer aperçue dans "Cleaner" (2007) de Renny Harlin, vue aussi ensuite dans "Animal" (2014) de Brett Simmons et "Queens" (2019) de Lorene Scafaria. Le père est joué par Keith David grand second couteau de "The Thing" (1982) de John Carpenter à "Manhattan Lockwood" (2020) de Brian Kirk en passant par "Bird" (1988) de Clint Eastwood, "Requiem for a Dream" (2000) de Darren Aronofsky ou "Cloud Atlas" (2012) des Wachowski. Un autre second couteau est à l'affiche, Michael Wincott de "Le Sicilien" (1987) de Michael Cimino à "Ghost in the Shell" (2017) de Rupert Sanders en passant par "Dead Man" (1995) de Jim Jarmush ou "Knight of Cups" (2014) de Terrence Malick. Citons ensuite Steven Yeun vu dans "Okja" (2017) de Bong Joon-Ho, "Burning" (2018) de Lee Chang-Dong et "Minari" (2020) de Lee Isaac Chung, Barbie Ferreira remarquée dans "Unpregnant" (2020) de Rachel Goldenberg, Devon Grave vu dans "Husk" (2011) de Bett Simmons et "I Don't Feel at Home in this World Anymore" (2017) de Macon Blair, Eddie Jemison acteur fétiche de Steven Soderbergh de "Schizopolis" (1996) à "Ma Vie avec Liberace" (2013), Oz Perkins fils d'un certain Anthony avec qui il joua dans "Psychose II" (1983) de Richard Franklin et aperçu ensuite dans "La Secrétaire" (2002) de Steven Shainberg et "Star Trek" (2009) de J.J. Abrams, Terry Notary spécialiste de la Motion Capture entre autre dans "Warcraft" (2016) de Duncan Jones et "Kong : Skull Island" (2017) de Jordan Vogt-Roberts et surtout remarqué pour sa performance live dans "The Square" (2017) de Ruben Östlund, puis enfin Betty Buckley vue déjà dans "Carrie" (1976), et plus récemment dans "Phénomènes" (2008) et "Split" (2017) tous deux de M. Night Shyamalan... Le film débute avec deux mini-prologues très différents aussi intrigants que percutants. Le premier surtout même si on sait qu'on en saura davantage par la suite, le second qui se place d'emblée comme le début de l'histoire. Pour l'anecdote, le lien avec le "premier cavalier noir" à Hollywood est fausse ! Grâce à ce second prologue le film démarre vite avec son intrigue principal, peut-être même un peu trop ; frère et soeur connectés savent d'emblée de quoi il retourne ?! Le vendeur qui s'incruste tranquillement ?! Mais on y croit, le duo frère-soeur fonctionne parfaitement bien au diapason. L'Objet Volant Non Identifié est amené avec assez de mystère pour nous tenir en haleine, les indices étant semés avec parcimonie et de façon judicieuse. Notamment en intégrant les tenants et aboutissants d'une sitcom surprenante.
On peut malheureusement se demander le lien réel avec ce qui nous est avancé dès les premières minutes du film mais cela ajoute aux mystères et au récit éminemment énigmatique. Le rapport est presque subliminal, où se pose la question ultime : "Est-ce que toutes le bêtes peuvent-elles être dresser ?!" Le climax est intrigant et envoûtant, lancinant sans être ennuyant grâce à un scénario qui avance et évolue constamment par petites bribes. Mais un des atouts majeurs restent cet OVNI, dont le design est unique et originale et qui laisse une tonne de questions nous envahir. Est-ce un vaisseau spatial ou un monstre ?! Est-il organique ou mécanique ?! Même si cela aurait pu être un suspense plus appuyé cet OVNI est assez singulier pour marquer les esprits, qui mélange vaisseau circulaire classique à un mix cerf-volant et méduse (?!). Entre Steven Spielberg et M. Night Shyamalan le film est assez fascinant par la beauté pastique (tout petit bémol pour le côté "voile" de l'OVNI) et par les thématiques abordées sans être martelées. Par contre, on s'agace de l'homosexualité de la soeur qui ne sert strictement à rien dans le récit et qui n'est donc juste un paramètre de la bien-pensance, une case de cochée dans le achier des charges du politiquement correct. Par là même, l'arrivée du motard frôle le cheveu sur la soupe, clairement l'idée du réalisateur-scénariste qui s'est dit à un moment "ça serait bien un sursaut à cet instant !" Des petits détails qui nous rappellent comme dans ses précédents films que Jordan Peele frôle le génie mais qu'il n'es pas. Néanmoins, le cinéaste signe son meilleur film, ambitieux et assez créatif pour se démarquer avec un film fantastique efficace bien au-dessus de la moyenne et donc à voir et à conseiller.
Note :