Colorado (1966) de Sergio Sollima

par Selenie  -  16 Janvier 2024, 09:47  -  #Critiques de films

Le réalisateur italien Sergio Sollima s'est fait connaître avec deux films d'espionnage, pendant du français OSS 117, avec "Agent 3S3, Passeport pour l'Enfer" (1965) et "Agent 3S3, Massacre au Soleil" (1966). On est alors en plein boum d'un nouveau genre, le western spaghetti, une mode qui s'impose telle que la plupart des jeunes réalisateurs italiens s'essaient à ce genre dont les premiers succès sont signés de Sergio Corbucci et surtout Sergio Leone. Sollima se lance donc en collaboration avec trois scénaristes, le premier est déjà expérimenté, Sergio Donati a co-écrit "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) de Sergio Leone qu'il retrouvera d'ailleurs pour "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968) et "Il était une Fois la Révolution" (1971), puis Fernando Morandi qui signera "Monsieur Klein" (1976) de Joseph Losey avec son collègue Franco Solinas connu pour avoir écrit "Kapo" (1959) et "La Bataille d'Alger" (1966) tous deux de Gillo Pontecorvo et qui signera juste après deux autres monuments du Spaghetti avec "El Chuncho" (1967) de Damiano Damiani et "Le Mercenaire" (1968) de Sergio Corbucci. Le succès du film est tel que Sergio Sollima va enchaîner avec deux autres spaghettis créant ainsi sa trilogie du genre en reprenant à chaque fois une bonne partie de son équipe... Cuchilio Sanchez est accusé du viol et du meurtre d'une jeune fille. Jurant son innocence à tous il ne peut que constater que personne ne le croit il décide alors de fuir. Au même moment, alors que des politiciens tentent de convaincre justement le chasseur de prime Colorado de se lancer en politique, ce dernier décide de prendre en chasse le fugitif. Après l'avoir retrouver, Colorado commence à comprendre que Cuchilio n'est finalement peut-être pas le coupable... 

Le fugitif est joué par Tomas Milian remarqué à ses débuts dans "Les Garçons" (1959) et "Le Bel Antonio" (1960) tous deux de Mauro Bolognini et qui reste l'acteur principal qui retrouvera son réalisateur sur les deux prochains films. Le chasseur de prime et rôle titre est incarné par Lee Van Cleef qui a écumé des années de westerns hollywoodiens en tant que second voir troisième couteau avant de devenir une star avec "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) et "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966) également de Leone, il va devenir une icône du spaghetti notamment avec aussi "Le Dernier Jour de la Colère" (1967) de Tonino Valerii ou "Pas de Pitié pour les Salopards" (1968) de Giorgio Stegani dans lesquels il retrouvera son partenaire Romano Puppo. Citons ensuite Walter Barnes vu plus tard dans "L'Homme des Hautes Plaines" (1973) de et avec Clint Eastwood, Luisa Rivelli vue entre autre dans "Les Volets Clos" (1951) de Luigi Comencini ou "La Dame sans Camélia" (1953) de Michelangelo Antonioni, Fernando Sancho acteur récurrent du spaghetti qui retrouve Sollima après "Agent 3S3, Massacre au Soleil" (1966), et qui retrouve après "Un Pistolet pour Ringo" (1964) et "Le Retour du Ringo" (1965) tous deux de Duccio Tessari l'actrice Nieves Navarro qui deviendra une actrice de film érotique dans les seventies, mais qui retrouvera entre temps dans "Adios Sabata" (1970) de Gianfranco Parolini son partenaire Gérard Herter vu dans "La Grande Guerre" (1959) de Mario Monicelli ou "Cinq Femmes Marquées" (1960) de Martin Ritt, Roberto Camardiel vu dans "Le Colosse de Rhodes" (1961) et "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) tous deux de Sergio Leone, puis enfin Luis Barboo vu dans "Pour une Poignée de Dollars" (1964) de Leone, dans "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967) de Giuseppe Colizzi et qui deviendra un acteur fétiche de Jésus Franco... Comme une habitude, on n'est pas étonné de retrouver à la musique le compositeur Ennio Morricone... Le début du film est composé d'une partie presque hors sujet, où comment on a un Lee Van Cleef prêt à ranger son ceinturon pour devenir homme politique dans une soirée mondaine. On n'y croit pas une seconde. Heureusement Colorado/Van Cleef part rapidement en chasse tandis que Cuchilio/Milian préfère fuir en criant son innocence sans pour autant apporter une preuve tangible, seule la belle gueule de l'acteur nous permet d'affirmer qu'il est innocent.

Evidemment le tout est de savoir comment tout ça va s'éclaircir. Le scénario paraît dans un premier temps plutôt solide, mais le fait que Cuchilio joue les devinettes est assez agaçant. Mais le réalisateur dévoile l'ensemble du cahier des charges avec une multitude de décors (désert forcément, saloon, bordel, montagne et même soirée mondaine) et de paysages (tourné en Andalousie) qui façonne un semblant de rythme et d'intérêt mais on constate que le réalisateur est maladroit, en effet, un plan sur un personnage nous prévient d'emblée qu'il a avoir son importance dans les secondes suivantes. Il faut attendre la dernière demi-heure pour enfin se réveiller un peu. La petite scène où Cuchilio fait encore l'évasif et Colorado fait son devin est un peu ridicule mais on entre enfin dans la partie des duels. Deux duels bien menés et singuliers à leur manière même si le couteau face au colt est déjà vu (ne serait-ce que dans "Les 7 Mercenaires" en 1960 de John Sturges), tandis que sur le second on peut y voir un bel hommage à un certain Erich Von Stroheim. Un western qui reste dans un canevas habituel et qui sera vite usé mais porté par deux acteurs charismatiques (surtout Lee Van Cleef), et qui surnage grâce à 3-4 scènes marquantes.

 

Note :                 

11/20
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