Gladiator (2000) de Ridley Scott
Devenu un des plus grands réalisateurs de sa génération grâce à "Alien le Huitième Passager" (1979), "Blade Runner" (1982) ou "Thelma et Louise" (1991), Ridley Scott revient au film historique genre qu'il a abordé avec "Les Duellistes" (1977) et "1492 : Christophe Colomb" (1992) mais cette fois il aborde le peplum, genre alors en désuétude depuis longtemps. L'histoire est de David Franzoni, qui vient de signer le scénario du film "Amistad" (1997) de Steven Spielberg pour Dreamworks qui qui commande alors un nouveau projet. L'auteur s'inspire avant tout de la nouvelle "Ceux qui vont mourir" (1958) de Daniel P. Mannix, et nomme au départ son héros Narcisse d'après le lutteur qui a étouffé l'empereur Commode selon "Histoire d'Auguste" et des historiens antiques Hérodiens et Dion Cassius. Le scénario est ensuite co-écrit par John Logan qui vient de signer "L'Enfer du Dimanche" (1999) de Oliver Stone etq ui va devenir un des meilleurs scénaristes des années à venir retrouvant d'ailleurs Ridley Scott pour "Alien : Covenant" (2017), puis avec William Nicholson spécialiste des films en costumes avec "Lancelot, le Premier Chevalier" (1995) de Jerry Zucker, "Firelight" (1998) de lui-même, ou plus tard "Elizabeth : l'Âge d'Or" (2007) de Shekhar Kapur. Maison constate surtout que le film est un remake non assumé du peplum "La Chute de l'Empire Romain" (1964) de Anthony Mann. De surcroît il est ironique de constater les similitudes avec "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson, ce dernier étant le premier choix pour incarner Maximus. Le film est un événement avec un budget de 103 millions de dollars ce qui est une gageure pour un genre qui est passé de mode avec un acteur en tête d'affiche qui n'est pas encore une grande star. Mais le pari est gagné, le film est un énorme succès critique et public récoltant plus de 450 millions de dollars au box-office Monde dont 4,8 millions d'entrées France, avec en prime 5 Oscars dont Meilleur Film et Meilleur acteur. Le succès est tel qu'il a influé également sur le tourisme italien, ainsi le Colisée, plus grand amphitéâtre de l'antiquité est passé en dix ans d'un million de visiteurs par an à plus de six millions !... Le général Maximus est le plus fidèle des généraux de l'empereur Marc Aurèle. Jaloux du prestige de Maximus et de l'amour que lui porte son père, l'héritier Commode s'approprie le pouvoir de façon la plus brutale et fait arrêter Maximus non sans faire tuer sa famille. Après bien des aventures Maximus devient un gladiateur renommé ce qui va lui ouvrir la voie à sa vengeance...
Maximus est incarné par Russell Crowe alors en pleine ascension après "Mort ou Vif" (1995) de Sam Raimi, "L.A. Confidential" (1997) de Curtis Hanson et "Révélations" (1999) de Michael Mann. Son épouse est jouée par Giannina Facio qui va tomber amoureuse de Ridley Scott sur le tournage et qu'elle épousera en 2015 et pour qui elle jouera de petites rôles dans la plupart de ses films, tandis que le fils de Maximus est joué par Giorgio Cantarini révélation du magnifique "La Vie est Belle" (1997) de et avec Roberto Begnini. Marc Aurèle est incarné par Richard Harris connu pour "Un Homme nommé Cheval" (1969) de Elliott Silverstein, "Traître sur Commande" (1970) de Martin Ritt, "Impitoyable" (1992) de et avec Clint Eastwood ou "Le Barbier de Sibérie" (1998) de Nikita Mikhalkov, et son fils Commode est joué par Joaquin Phoenix également en pleine ascension avec "U-Turn" (1997) de Oliver Stone et "The Yards" (2000) de James Gray. Citons ensuite Connie Nielsen remarquée dans "L'Associé du Diable" (1997) de Taylor Hackford et "Rushmore" (1998) de Wes Anderson, Spencer Treat Clark jeune révélation de "Arlington Road" (1999) de Mark Pellington et surtout de "Incassable" (2000) de M. Night Shyamalan, Oliver Reed acteur culte de "Les Damnés" (1962) de Joseph Losey ou "Les Diables" (1970) de Ken Russell qui mourra avant la fin du tournage, Djimon Hounsou remarqué dans "Stargate" (1994) de Roland Emmerich et surtout révélé dans "Amistad" (1997) de Steven Spielberg, Derek Jacobi vu dans "Le Dossier Odessa" (1974) de Ronald Neame, "La Grande Menace" (1978) de Jack Gold et surtout chez Kenneth Branagh dont "Hamlet" (1996), Tommy Flanagan vu dans "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson et "Guns 1748" (1999) de Jake Scott, John Shrapnel apparu dans "Nicolas et Alexandra" (1971) de Franklin J. Schaffner ou "Coup de Foudre à Notting Hill" (1999) de Roger Michell après lequel il retrouve Omid Djalili vu dans "La Momie" (1999) de Stephen Sommers et "Le Monde ne Suffit pas" (1999) de Michael Apted, Tomas Arana aperçu dans "La Dernière Tentation du Christ" (1988) de Martin Scorcese, "Bodyguard" (1992) de Mick Jackson et retrouvant Russell Crowe après "L.A. Confidential" (1997) et après "A la Poursuite d'Octobre Rouge" (1990) de John McTiernan retrouve son partenaire Sven-Ole Thorsen acteur fidèle d'une certain Arnold Schwarzenegger avec qui il joue dans une douzaine de films entre "Conan le Barbare" (1982) de John Milius et "Dommages Collatéral" (2002) de Andrew Davis dont "Batman et Robin" (1997) de Joel Schumacher après lequel il retrouve Ralf Moeller vu dans "Cyborg" (1989) de Albert Pyun et "Universal Soldier" (1992) de Roland Emmerich, puis enfin David Hemmings vu dans "Blow-Up" (1966) de Michelangelo Antonioni, "La Charge de la Brigade Légère" (1968) de Tony Richardson ou "Barbarella" (1968) de Roger Vadim... Le film débute fort avec une scène de bataille dantesque d'anthologie où la violence n'a d'égale que la qualité de la reconstitution d'époque. L'iconographie marque la rétine juste avant les coulisses du drame digne d'un Shakespeare. L'épopée s'impose aussitôt tout en prenant le temps d'instaurer l'intrigue de palais. Mais on a aussi très vite quelques gênes, d'abord et avant tout le jeu de Joaquin Phoenix alias Commode, en surjeu outrancier ou trop caricatural ; plus tard l'acteur gagnera avec les années en subtilité et en finesse de jeu.
L'une des séquences emblématiques restent celle de l'arène et du combat avec le tigre, et pourtant elle est râtée d'un point de vue visuel. Si on sait qu'ils ont fait appel à quatre tigres, et qu'un vétérinaire était présent, on constate pourtant de façon flagrante un tigre en image de synthèse avec un décalage regard-action tout aussi évident. Des effets visuels médiocres dont pas dignes d'une telle production. Mais l'histoire rejoint la grande Histoire avec panache, le souffle épique emporte le tout jusque dans les tragédies intimes. Les scènes de combat sont très réussies, tension et émotion fonctionne à merveille avec son lot de scènes marquantes. Le casting est à la hauteur, avec de nouvelles générations qui se confirment, et une ancienne qui fait ses adieux dont Oliver Reed dont la mort avant la fin du tournage sera compensée via des images numériques. Le véritable soucis vient de quelques passages poussifs, souvent dus à un Commode/Phoenix trop en roue libre. Notons que le film reste un remake qui ne dit pas son nom. Cependant il est évident que Ridley Scott signe un peplum de grande classe et d'une efficacité redoutable qui va relancer le genre pour un temps.
Note :