Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven

par Selenie  -  3 Février 2025, 09:54  -  #Critiques de films

Scénariste alors connu pour avoir écrit "Flashdance" (1983) de Adrian Lyne, le scénariste Joe Eszterhas écrit un nouveau script en quelques jours intitulé "Love Hurts". Très vite le projet devient si populaire que ça provoque une surenchère à Hollywood où le côté sulfureux de l'histoire fait déjà monter la température jusqu'à ce que Carolco Pictures emporte le morceau en misant trois millions de dollars, soit un record à l'époque pour un scénario. Le studio propose le projet au néerlandais Paul Verhoeven bien connu puisqu'ils viennent de faire ensemble "Total Recall" (1990). Le cinéaste semble idéal pour un tel projet qui sent le souffre après des films comme "Turkish Delices" (1973), "Spetters" (1980) ou "La Chair et le Sang" (1985). Le projet fait déjà grand bruit, précédé par sa réputation les ligues LGBT et féministe perturbent le tournage, au point que le scénariste propose de réécrire le scénario pour atténuer le côté sulfureux mais Verhoeven refuse. Ce qui n'empêchera pas pourtant Joe Eszterhas de persévérer dans le genre thriller érotique puisqu'il signera dans la foulée les autres titres emblématiques du genre "Sliver" (1993) de Phillip Noyce, "Showgirls" (1995) de Paul Verhoeven et "Jade" (1995) de William Friedkin. Avec un budget de 49 millions de dollars le film est un succès qui amasse plus de 352 millions de dollars au box-office Monde, ce qui en fait un des films les plus rentables de l'année d'autant plus que le film connaît des classements sévères pour le jeune public. Le film est notamment censuré de 42 secondes dans la version nord-américaine ce qui n'empêche une interdiction au moins de 17 ans non accompagné, alors qu'en France le film n'est pas censuré et est interdit au moins de 16 ans. Le film connaîtra également une suite, "Basic Instinct 2" (2006) de Michael Caton-Jones, qui est oubliable et a oublié...  Nick Curran, inspecteur de police à San Francisco, enquête sur le meurtre d'une rock star tué de 31 coups de pic à glace par une inconnue alors qu'ils faisaient l'amour. Bientôt Nick découvre que le chanteur fréquentait Catherine Tramell, riche et brillante romancière. Au cours de son enquête Nick va se rapprocher dangereusement de l'écrivaine qui assume un mode de vie libre et libertin alors qu'il découvre de nombreux faits perturbants de son passé... 

L'inspecteur est joué par la star Michael Douglas qui a déjà abordé le thriller érotique avec "Liaison Fatale" (1987) de Adrian Lyne, et, petites coïncidence, qui a grimpé les échelons à Hollywood via le film d'aventure très "Indiana Jones" avec les films "A la Poursuite du Diamant Vert" (1984) de Robert Zemeckis et "Le Diamant du Nil" (1985) de Lewis Teague, à l'instar de sa partenaire Sharon Stone belle avanturière dans le dyptique "Allan Quatermain" (1985-1986) avant de retrouver son réalisateur après "Total Recall" (1990), puis également après "Nico" (1988) de Andrew Davis l'acteur Chelcie Ross vu entre autre dans "Les Incorruptibles" (1987) de Brian De Palma ou "Le Dernier Samaritain" (1991) de Tony Scott. Citons ensuite George Dzundza apparu dans "Voyage au Bout de l'Enfer" (1978) de Michael Cimino ou "Sens Critique" (1987) de Roger Donaldson, Jeanne Triplehorn dans son premier rôle et qui confirmera dans "La Firme" (1993) de Sydney Pollack et "Waterworld" (1995) de et avec Kevin Reynolds, Denis Arndt aperçu plus tard dans "Un Seul deviendra Invincible" (2002) de Walter Hill ou "S.W.A.T. Unité d'Elite" (2003) de Clark Johnson, Bruce A. Young aperçu dans "La Couleur de l'Argent" (1986) de Martin Scorcese ou "Hot Shots !" (1991) de Jim Abrahams, Wayne Knight apparu dans "Né un 4 Juillet" (1989) et "JFK" (1991) tous deux de Oliver Stone, Stephen Tobolowsky aperçu dans "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker ou "Thelma et Louise" (1991) de Ridley Scott, Jack McGee vu dans "Backdraft" (1991) de Ron Howard et qui retrouvera le duo Verhoeven-Eszterhas pour "Showgirls" (1995), Mitch Pileggi remarqué plus tard dans la série TV "X-Files" (1994-2002) et les deux films dérivés (1998-2008), Daniel Von Bargen vu dans "Le Silence des Agneaux" (1991) et "Philadelphia" (1993) tous deux de Jonathan Demme et qui retrouve après "Ombres et Brouillard" (1992) de Woody Allen son partenaire James Rebhorn aperçu dans "Le Mystère Silkwood" (1983) de Mike Nichols et "La Maison des Otages" (1990) de Michael Cimino, puis enfin n'oublions pas Dorothy Malone, star de l'Âge d'Or avec entre autre "Ecrit sur du Vent" (1956) de Douglas Sirk et "L'Homme aux Colts d'Or" (1959) de Edward Dmytryk... Le film débute de façon classique mais le meurtre au pic à glace est assez singulier pour titiller notre intérêt. Le climax est tendu, le côté anxiogène et malsain est instauré dès le début mais le film prend une autre dimension dès qu'entre en scène Sharon Stone alias Catherine Tramell, qui n'est alors qu'une vedette encore dans l'ombre mais qui étonnamment explose soudain à l'écran. Charismatique, vénéneuse, au sex-appeal dingue elle vampirise l'écran comme jamais. Elle est évidemment la coupable, la beauté du diable en plus, une assurance qui impose un malaise tant elle semble hors de portée. Jamais jusqu'ici l'actrice n'avait été filmé ainsi, grâce à Paul Verhoeven, Sharon Stone devient une star planétaire et le sex-symbol des années 90. En étant la blonde sophistiquée le réalisateur néerlandais renvoie à toute l'oeuvre d'un certain Alfred Hitchcock auquel il rend hommage via plusieurs clins d'oeil surtout et notamment au film "Sueurs Froides" (1956).

Evidemment, le film est aussi marquée par LA séquence culte et mythique du film, celle de l'interrogatoire où Catherine Tramell/Stone allume littéralement les officiers de police qui sont comme hypnotisés (et le spectateur avec !). Une courte séquence de 42 secondes qui sera toutefois censurée en Amérique du Nord ; une scène qui fera couler beaucoup d'encre aussi et surtout parce qu'il y a le différend entre l'actrice et son réalisateur sur le pourquoi du comment a été obtenu ce passage érotique aussi fugace que fantasmé, on ne reviendra pas ici sur cette polémique hyper connue et mille fois racontée. Une séquence entrée dans l'Histoire et maintes fois copiée et/ou pastichée comme dans "Alarme fatale" (1993) de Gene Quintano, "Hot Shots ! 2" (1993) de Jim Abrahams ou "La Cité de la Peur" (1994) de Alain Berbérian. Une autre polémique serait le confusion autour de la bisexualité de Catherine Tramell/Stone, un speudo débat dont on se moque royalement, il y a tant de nuances possibles que l'auteur (Eszterhas) ou l'autrice (Tramell !) font bien ce qu'ils veulent ! D'un point de vue visuel le fil reste clairement dans un thriller érotique assez soft comparé au mauvais goût d'un "Color of Night" (1994) de Richard Rush ou de la pure gratuité machiste de "La Vie d'Adèle" (2013) de Abdellatif Kechiche. L'un des intérêts du film réside aussi dans l'intrigue qui se veut clairement ouverte, à savoir si Catherine Tramell est coupable ou non et, surtout, à quel degré ?! En effet, plusieurs options se révèlent au fil du récit, l'autrice est purement coupable et est donc la meurtrière, elle se sert plutôt d'une autre femme qu'elle manipulerait plus ou moins, ou elle est innocente ou simple complice qui s'inspire des crimes... ATTENTION SPOILERS !... Evidemment elle est coupable, on en est sûr dès son apparition, jusqu'à ce plan final sur le pic à glace qui confirme la chose... FIN SPOILERS !... Ainsi le but autour du suspense désiré ne fonctionne pas, Catherine Tramell/Stone assume trop sa position de dominante sexuelle mais aussi intellectuelle, mais c'est aussi ce personnage si classe, si fatale qui nous fascine et qui nous permet d'attendre sagement la fin et de savoir si elle va s'en sortir. Paul Verhoeven signe un thriller érotique merveilleusement réussit, un film culte, le maître étalon du genre à voir et à conseiller.

 

Note :                 

17/20

 

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