Mauvaise Foi (2006) de Roschdy Zem

par Selenie  -  25 Octobre 2022, 09:47  -  #Critiques de films

Acteur depuis un petit rôle dans "Les Keufs" (1987) de et avec Josiane Balasko, l'acteur Roschdy Zem passe derrière la caméra pour son premier long métrage en tant que réalisateur l'année où, d'ailleurs il est sacré au festival de Cannes pour son prix d'interprétation collectif avec ses camarades du film "Indigènes" (2006) de Rachid Bouchareb. Mais à l'origine ce n'est pas son envie de réaliser qui l'a amené au projet mais un producteur qui l'a poussé : "Un jour, Philippe Godeau, le producteur du film, m'a proposé d'écrire un scénario sur une relation entre une juive et un arabe en France. Il pensait qu'il y avait là un vrai sujet de film (...) Au départ, je devais seulement écrire le film et jouer dedans. Mais après la première version du scénario, quand on a commencé à chercher un réalisateur, Philippe m'a fait comprendre qu'il serait plus tranquille si c'était moi qui réalisais le film. Il est vrai qu'en écrivant, j'avais des images en tête, des plans du film... J'ai donc fini par accepter de réaliser Mauvaise Foi, tout en gardant ce joli rôle que je m'étais écrit, tout ça de manière cohérente et poussé par Philippe Godeau." Roschdy Zem, né français de parents marocains co-signent le scénario avec son ami et acteur Pascal Elbé, qui est lui juif. Les deux amis avaient joué ensemble dans "Le Raid" (2002) de Djamel Bensalah et l'expérience poussera plus tard le second a passé également derrière la caméra avec "Tête de Turc" (2010) avec Roschdy Zem à l'affiche. En tout cas ce premier film sera un joli succès d'estime avec près de 750000 entrées France... Clara et Ismaël forment un couple heureux malgré qu'elle soit juive et lui musulman. Mais quand Clara tombe enceinte les réactions des proches et de la famille pousse le couple à réfléchir à des choses qu'ils n'avaient jamais anticipé. Bientôt tout se complique et le poids des religions s'impose jusqu'à la crise...

Clara est jouée par Cécile de France alors en pleine ascension et devenue une grande espoir du cinéma français avec les succès de "L'Auberge Espagnole" (2002) et "Les Poupées Russes" (2005) tous deux de Cédric Klapisch et devenue une star ensuite encore vue récemment dans "Illusions Perdues" (2021) de Xavier Giannoli ou "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu. Ismaël est incarné par Roschdy Zem acteur fétiche de Pierre Jolivet vu aussi dans "Le Petit Lieutenant" (2005) de Xavier Beauvois et plus récemment dans "Enquête sur un Scandale d'Etat" (2022) de Thierry de Peretti et "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski. Le meilleur ami de ce dernier est logiquement interprété par le co-scénariste Pascal Elbé remarqué juste avant dans des films comme "Père et Fils" (2003) de Michel Boujenah et "Le Héros de la Famille" (2006) de Thierry Klifa et dernièrement encore réalisateur-acteur pour "On est fait pour s'Entendre" (2021). Les parents de Clara sont joués par Jean-Pierre Cassel grand acteur vu notamment dans "Cyrano et d'Artagnan" (1963) de Abel Gance, "L'Armée des Ombres" (1969) de Jean-Pierre Melville, "Chouans !" (1988) de Philippe De Broca ou "La Cérémonie" (1995) de Claude Chabrol, puis Martine Chevalier vue cette même année dans "La Tourneuse de Page" (2006) de Denis Dercourt et "Ne le Dis à Personne" (2006) de et avec Guillaume Canet et qui retrouvera dans "Chanson Douce" (2019) de Lucie Borleteau sa partenaire Leïla Bekhti alors toute jeune révélation de "Sheitan" (2005) de Kim Chapiron (dans lequel elle faisait face à Vincent Cassel fils de), qui va devenir une star avec "Un Prophète" (2008) de Jacques Audiard et "Tout ce qui Brille" (2010) de et avec Géraldine Nakache, puis retrouvera aussi dans "Nous Trois ou Rien" (2015) de et avec Kheiron l'actrice Farida Ouchani omniprésente ces derniers mois avec entre autre "Haute Couture" (2021) de Sylie Ohayon et "Une Mère" (2021) de Sylvie Audcoeur. Citons ensuite Naïma Elmcherqui et Antoine Chappey qui retrouvent Roschdy Zem après "Indigènes" (2006) et même après "Le Petit Lieutenant" (2005) pour le second, puis encore Jean-Claude Frissung vu dans "La Fille de d'Artagnan" (1994) de Bertrand Tavernier et "Le Promeneur du Champ de Mars" (2005) de Robert Guédiguian et qui retrouve après "Zim and Co." (2005) de Pierre Jolivet  son partenaire Abdelhafid Metalsi dont le physique sera remarqué dans "Munich" (2005) de Steven Spielberg, "L'Ennemi Intime" (2007) de Florent-Emilio-Siri, "Des Hommes et des Dieux" (2010) de Xavier Beauvois ou "L'Assaut" (2010) de Julien Leclercq et "L'Exercice de l'Etat" (2011) de Pierre Schoeller. Pour finir citons Bérangère Bonvoisin vue dans "L'Adolescente" (1978) de Jeanne Moreau, "La Garce" (1984) de Christine Pascal ou "La Lectrice" (1988) de Michel Deville, André Oumansky acteur régulier et prolifique de "La Vérité" (1960) de Henri-Georges Clouzot à "Tromperie" (2021) de Arnaud Desplechin en passant par "Les Félins" (1964) de René Clément et "Babel" (2006) de Alejandro Gonzales Inarritu, puis enfin n'oublions pas un certain David Elmaleh, père d'un humoriste populaire (qui chante d'ailleurs la chanson du générique de fin !) qui joue-là le médecin de famille... 

La première chose réside dans la vision des choses du réalisateur : "Le couple mixte n'est pas un sujet grave en soi. S'il peut apparaître comme tel aujourd'hui, c'est parce qu'on est dans une période de repli communautaire et qu'on s'approprie un conflit (israelo-palestinien) qui a lieu à des milliers de kilomètres de chez nous. (...) Il n'y a pas que des histoires de race ou de religion qui causent des difficultés. Pour les familles, quand quelqu'un arrive net ne leur ressemble pas, c'est souvent problématique. Mon film est un film sur le compromis. Aujourd'hui, les gens ne veulent plus en faire. Or, moi je pense qu'on ne peut avancer dans la vie, qu'avec des compromise !" Ainsi il semble que le réalisateur a justement user de compromis, pour finalement ne pas faire rire mais plutôt d'opter pour une comédie dramatique tout en voulant rester dans quelque chose de léger. Résultat comme souvent, on reste donc constamment dans une histoire mi-fugue mi-raisin, de la légèreté mais pas trop car c'est tout de même sérieux comme sujet. Dommage car rien n'est plus efficace que le rire et cette petite comédie en manque cruellement. D'abord et avant tout parce qu'on sent le soin apporté à l'écriture et notamment en évitant de froisser qui que ce soit. Ainsi pas d'extrémistes de la foi ni côté juif in côté islam, les choix conduis par la foi restent mesurés et pas imposés, bref finalement tout le monde est tolérant ou essaie de l'être dans un grand politiquement correct. Tout repose sur l'enfant à naître, rien n'est grave dans le couple mixte, juste importe que l'enfant soit du "bon côté". Ca manque donc un peu d'audace, ce qui amène pourtant à un humour très sage, amusant par moment mais finalement peu drôle dans l'ensemble (nuance !). Et pourtant, on est d'abord très agréablement surpris par la qualité des dialogues, avec des joutes et répliques savoureuses et ciselées qui font quasiment toujours leur effet. C'est le grand bonus du film qui sauve le film de l'ennui et qui apporte cette fantaisie parfois piquante. Et surtout les acteurs, les parents juifs sont excellents loin de la caricature d'une franchise future qui va dynamiter le sujet avec "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" (2014-2022) de Philippe de Chauveron. mais en soi ça reste un joli film, plus intelligent voir même trop car à force d'essayer de plaire à tous il manque le sel qui permet de se démarquer et d'oser flirter avec une ligne jaune souvent plus jouissive. Un bon moment néanmoins.

 

Note :     

13/20
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