Beau is Afraid (2023) de Ari Aster
Après "Hérédité" (2018) et "Midsommar" (2019) le réalisateur Ari Aster revient avec un nouveau projet singulier dont il avait annoncé l'idée dès 2020. Il avait alors déclarer vouloir faire une "comédie cauchemardesque de 4 heures avec Joaquin Phoenix dans le rôle principal". Réalisateur-scénariste de son film Ari Aster semble s'être servi comme base de son scénario de son propre court métrage "Beau" (2011). Au départ le film devait être nommé "Disappointment Blvd" avant d'être modifié pour faire référence à son court métrage. Le cinéaste avoue pour l'écriture de son scénario s'être nourri de plusieurs écrivains dont Jorge Luis Borges, Franz kafka, Carl Gustav Jung... Beau Wasserman, un homme paranoïaque décide de retrouver sa mère. Il part donc dans un périple où il va croiser des événements surnaturels. Mais lors de son odyssée Beau va aussi voir ressurgir des souvenirs enfouis jusque là...
Beau adulte est donc incarné par la star Joaquin Phoenix dont les derniers films sont "Joker" (2019) de Todd Phillips et "Nos Âmes Perdues" (2021) de Mike Mills, tandis que Beau ado est interprété par Armen Nahapetian aperçu dans le film "A Typical Wednesday" (2020) de J. Lee. La maman est jouée âgée par Patti LuPhone vue dans "1941" (1979) de Steven Spielberg, "Witness" (1985) de Peter Weir, "Summer of Sam" (1999) de Spike Lee ou "Last Christmas" (2019) de Paul Feig, plus jeune elle est jouée par Zoe Lister-Jones vue dans "Very Bad Cops" (2010) de Adam McKay ou "Lola Versus" (2012) de Daryl Wein. Citons ensuite Amy Ryan vue dans "Infiltrator" (2016) de Brad Furman ou "Late Night" (2019) de Nisha Ganatra, Nathan Lane vu dans "Blanche-Neige" (2012) de Tarsem Singh ou "Sidney Hall" (2017) de Shawn Christensen, Kylie Rogers vu dans "Beauté Cachée" (2016) de David Frankel ou "Skin" (2018) de Guy Nattiv, le frenchy Denis Ménochet qui après "Les Survivants" (2023) de Guillaume Renusson sa carrière internationale avec sa 10ème production étrangère depuis "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino, Parker Posey vue dans "L'Homme Irrationnel" et "Café Society" (2016) tous deux de Woody Allen et retrouvant après la premier son partenaire Joaquin Phoenix, Stephen Henderson vu notamment dans "Fences" (2016) de et avec Denzel Washington, "Lady Bird" (2017) de Greta Gerwig ou "Dune" (2021) de Denis Villeneuve, Richard Kind vu dans "Scandale" (2019) de Jay Roach, "Rifkin's Festival" (2020) de Woody Allen ou "Tick Tick... Boom !" (2021) de Lin-Manuel Miranda, Hayley Squires vue entre autre dans "Moi, Daniel Blake" (2016) de Ken Loach ou "La Vie Extraordinaire de Louis Wain" (2021) de Will Sharpe, puis enfin Michael Gandolfini fils de James Gandolfini dont il a incarné le personnage culte dans le film "Many Saints of Newark - une Histoire des Soprano" (2021) de Alan Taylor... Le début impose d'emblée une atmosphère paranoïaque et schyzophrène avec un personnage principal qui semble être doté d'une multitude de soucis psychologique à tel point qu'il a une excuse mytho pour ne pas rejoindre sa mère comme cela était prévu. L'environnement de Beau est aussi claustrophobe et dangereux dans un quartier qui n'est pas loin d'avoir toutes toutes les caractéristiques d'un état post-apocalyptique. On constate vite qu'après deux premiers films où deux femmes tentent respectivement d'oublier leur trauma familial, le réalisateur Ari Aster suit cette fois un homme qui ne se rend pas compte de son "complexe" autour d'une mère omniprésente et castratrice.
Beau part dans une sorte de quête de lui-même, dans ses souvenirs, dans sa mémoire et dans les méandres de ses traumas plus ou moins lucides et limpides aussi bien pour lui que... pour le spectateur ! On remarque que l'histoire est chapitré avec des parties soit psychédéliques, soit fantasmagoriques, nous perdant entre présent et réalité ou rêves et cauchemars. Ari Aster a écrit un premier jet de scénario durant des deux premiers films : "Ce premier jet était sombre, cartoonesque, avec moins de pathos. Je le "pitchais" comme une odyssée freudienne comique." Ensuite il l'a réécrit car il le trouvait "trop épisodique comme une succession de sketchs". Soucis, c'est pourtant tout à fait le cas et on ne constate donc pas cette réécriture car le film est effectivement comme une succession de sketchs qui paraissent parfois indépendants du reste de l'histoire. Plusieurs passages arrivent comme un élément révélateur ou comme un questionnement dont on doit attendre la réponse ou un effet qui arrivera plus tard. Mais on se rend vite à l'évidence, ces éléments et/ou rebondissement n'auront pas de suites, pas de réponses, pas de rebondissements renvoyant à ces paramètres ou événements arrivés plus tôt dans le récit. Il se passe des choses sans logique apparente mais on se dit alors qu'il va avoir plus tard un parallèle ou un écho, une info quelconque. On restera frustré jusqu'au bout sur ces passages qui s'avèrent donc gratuits. Le pire des passages concerne un pénis géant qui laisse aussi perplexe que dubitatif. Alors oui, on se doute que tout est issu d'une psychologie de comptoir mais comme cela ne permet pas de relier les différents "sketchs" de façon probante on n'y voit rien de bien cohérent dans un capharnaüm narratif. Et pourtant, plusieurs scènes restent impressionnantes, ou fascinantes, riches et foisonnantes parfois comme la première partie et la partie "théâtre" champêtre, on notera celle de la maison de santé qu'on savoure avant de s'apercevoir qu'elle est gratuite et superflue. Mais ça reste un ensemble bancal, inabouti ou maladroit surtout avec une durée de 3h qui devient une expérience très expérimentale.
Note :