Bob Marley : One Love (2024) de Reinaldo Marcus Green
Les plus grands chanteurs ont droit à leur biopic, et il semble que le genre comme ces artistes soient de plus en plus à la mode comme on peut le constater depuis Charlie Parker avec "Bird" (1988) de Clint Eastwood, puis en s'accélérant petit à petit Tina Turner avec "Tina" (1993) de Brian Gibson, Ray Charles avec "Ray" (2004) de Taylor Hackford, Johnny Cash avec "Walk the Line" (2005) de James Mangold, James Brown avec "Get on Up" (2014) de Tate Taylor, les Beach Boys avec "Love Mercy" (2015) de Bill Phlad, Freddie Mercury avec "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer, Elton John avec "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher, Aretha Franklin avec "Respect" (2021) de Liesl Tommy, Whitney Houston avec "I Wanna Dance with Somebody" (2022) de Kasi Lemmons, Elvis Presley avec "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann... et c'est ainsi qu'on n'est pas surpris de voir sur grand écran le roi du Reggae Bob Marley (Tout savoir ICI !) pour un projet qui est celui de la famille Marley elle-même qui produit le biopic via la société Tuff Gong Pictures créée d'ailleurs par Bob lui-même en 1970. Derrière le film on remarque les noms de Rita Marley, sa veuve et mère de Cedella et Ziggy Marley qui sont également co-producteurs. La famille a chois comme réalisateur Reinaldo Marcus Green remarqué avec un autre biopic, celui des soeurs Williams stars du tennis avec le film "La Méthode Williams" (2021). Le scénario est signé de Zach Baylin justement auteur de "La Méthode Williams" (2021) mais aussi de "Creed III" (2022) de et avec Michael B. Jordan et "Gran Turismo" (2023) de Neill Bomkamp, qui collabore avec Frank E. Flowers connu pour son scénario de "Metro Manila" (2013) de Sean Ellis, puis Terence Winter scénariste des biopics "Réussir et Mourir" (2005) de Jim Sheridan et "Le Loup de Wall Street" (2013) de Martin Scorcese.
On suit donc le destin De Bob Marley, petit jamaïcain métis d'une famille pauvre qui va s'investir dans la musique pour devenir dans les années 70 le grand représentant du Reggae, et icône de tous ceux qui se reconnaissent dans le mouvement rastafari... Après un long casting, l'heureux élu qui incarne Bob Marley est Kingsley Ben-Adir aperçu dans "Le Roi Arthur: la Légende d'Excalibur" (2017) de Guy Ritchie ou "A Ceux qui nous ont Offensés" (2017) de Adam Smith, il a surtout été remarqué dans "One Night in Miami" (2020) de Regina King avant de jouer un Ken dans "Barbie" (2023) de Greta Gerwig. Son épouse est jouée par Lashana Lynch remarquée dans "Mourir peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga, vue dans "The Woman King" (2022) de Gina Prince-Bythewood et confirmée dans l'univers Marvel avec "The Marvels" (2023) de Nia DaCosta, sans oublier sa dernière compagne jouée par l'inconnue Umi Myers. Parmi ses proches citons Tosin Cole vu dans "Conspiracy" (2017) de Michael Apted ou "Emmett Till" (2022) de Chinonye Chukwu, Michael Ward vu dans "The Old Guard" (2020) de Gina Prince-Bythewood et "Empire of Light" (2023) de Sam Mendes, et Anthony Welsh vu dans "Les Poings contre les Murs" (2013) de David Mackenzie ou "L'Ombre de la Violence" (2021) de Nick Rowland. Puis citons James Norton vu dans plusieurs biopic avec "Rush" (2013) de Ron Howard, "Belle" (2013) de Amma Asante, "Mr. Turner" (2014) de Mike Leigh et "L'Ombre de Staline" (2019) de Agnieszka Holland, Michael Gandolfini, fils de James dont il reprendra le rôle jeune dans "Many Saints of Newark - une Histoire des Soprano" (2021) de Alan Taylor et vu dans "Beau is Afraid" (2023) de Ari Aster, puis n'oublions pas Nadine Marshall essentiellement apparue dans des séries TV malgré le film "It's a Free World" (2008) de Ken Loach... Le film débute en 1976, alors que le chanteur est au sommet de sa carrière (son album venant de sortir est son plus grand succès) et la situation politique en Jamaïque est explosive le choix narratif et chronologique est donc plutôt cohérent et judicieux vis à vis de l'iconographie de la star du reggae, suit la malheureuse blessure en 77 et le concert pour la Liberté avec les deux leaders politiques en 78. Quelques flash-backs précisent 2-3 choses et un encart final finit de résumé un film qui reste un biopic vite fait "bien fait". Bon d'emblée on remarque que l'acteur est très/trop éloigné du physique de Bob Marley, mais bon un détail sans doute.
Mais le plus gênant est que le film est bel et bien parasité par la présence de Rita Marley à la production tant on perçoit son influence à la manière des survivants de Queen derrière le surestimé "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer. En effet, si on peut rappeler que Rita est aussi connue pour avoir falsifier des documents pour s'octroyer tout l'héritage, le scénario démontre bien qu'elle a assurément mis tout son poids pour occulter plusieurs faits surtout quand le film se déroule sur la période la plus polémique ; ainsi rappelons que Bob Marley était en couple avec Cindy Breakspeare en 76 à sa mort avec qui il a eu un enfant et qui vivait avec tous ses proches et donc toujours avec Rita, cette dernière était également infidèle avec deux enfants sur cinq qui n'étaient pas de Bob, et tous ces paramètres sont clairement occultés dans le film alors que Rita est montrée comme omniprésente et indispensable en pointant du doigt les "fautes" de Bob tout en omettant les siennes. Rappelons aussi que ses proches autres stars du reggae comme Peter Tosh sont invisibles, ou que l'attentat est une affaire sans résultat ou issue, jamais il a été prouvé que c'était bel et bien Bob Marley qui était visé (plusieurs de ses proches étaient dans les "affaires" plus ou moins louches) et personne n'a jamais été identifié comme coupable. Forcément, c'est grossier mais on sait que la majorité du public n'y fera pas attention. Le film montre bien tout le symbole qu'était dès son vivant Bob Marley pour son pays alors qu'il devenait déjà une icône tel que Che Guevara. Ses plus grands tubes parsèment logiquement le récit pour notre plus grand plaisir. Précisons que c'est Bob Marley qu'on entend dans les morceaux musicaux à l'exception de la séquence "Redemption Song" où c'est bien l'acteur qui assume et assure, une seule scène donc malgré les cours de chant et de guitare durant 8 mois pour l'acteur. Malgré tout le film ne laisse aucun moment de concert vivre et prendre réellement de l'ampleur, les séquences sont courtes et coupées souvent trop tôt, les plus grands concerts (avec les leaders politiques en 78 trop vite coupées, absence totale du concert au Zimbabwe...) le film est donc comme inabouti car sans morceaux d'anthologie même la fin du film repose sur un rappel iconographique trop didactique oubliant l'essence même de la scène et/ou de la musique sur scène. Dommage...
Note :