Un Parfait Inconnu (2025) de James Mangold
Réalisateur de quelques grands films comme "Copland" (1997), Identity" (2003) ou "Logan" (2017) James Mangold revient avec un autre biopic musical après son très réussi "Walk the Line" (2005) sur Johnny Cash qui est un contemporain et est même lié à ce nouveau projet qui n'est autre q'un biopic sur la légende Bob Dylan (Tout savoir ICI !). Evidemment on pense très fortement au singulier "I'm not There" (2007) de Todd Haynes. Annoncé en 2020 avec l'acteur Timothée Chalamet le projet est repoussé pour cause de Covid ce qui a permis deux choses, James Mangold a pu assurer le tournage du film "Indiana Jones et le Cadran de la Destinée" (2023) et le jeune acteur a pu se préparer plus en amont. Le film repose sur la biographie "Dylan Goes Electric" (2015) de Elijah Wald et se focalise donc sur quatre années de ses débuts et surtout de son passage polémique à la guitare électrique. James Mangold précise qu'il a pris comme référence le film "Amadeus" (1984) de Milos Forman, ce dernier a de surcroît été le mentor de Mangold : "Un parfait inconnu s'attache à un moment bien précis du parcours de Bob Dylan, sanspour autant raconter toute sa vie. Il explore un monde où la musique transmet beaucoup de choses." Le réalisateur-scénariste co-écrit le scénario avec Jay Cocks, scénariste récurrent de Martin Scorcese et qui est d'ailleurs connu pour avoir présenté le réalisateur à son futur acteur fétiche Robert De Niro... 1961, une jeune homme de 19 ans débarque avec sa guitare à New-York. La société est alors en plein bouleversement culturel et la scène musicale n'y échappe pas. Mais le jeune qui a pris comme pseudo Bob Dylan rencontre les personnalités du moment qui font le monde musical et finit par percer. Il connaît alors une ascension fulgurante jusqu'à ce qu'il ose une performance controversée dans le monde du folk...
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La star Bob Dylan est incarnée donc par Timothée Chalamet vu entre autre dans "Bones and All" (2022) de Luca Guadagnino ou "Wonka" (2023) de Paul King, et retrouve après "The French Dispatch" (2021) de Wes Anderson son partenaire Edward Norton vu récemment dans "Glass Onion" (2022) de Rian Johnson et "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson. Les deux muses de Bob Dylan sont jouées par Elle Fanning qu'on n'avait plus vu depuis "Tous nos Jours Parfaits" (2020) de Brett Haley et "The Raods Not Taken" (2020) de Sally Potter et surtout retrouve justement Timothée Chalamet après "Un Jour de Pluie à New-York" (2019) de Woody Allen, puis Monica Barbaro alias Joan Baez aperçue jusque là essentiellement dans des séries TV mais remarquée dans "Top Gun : Maverick" (2022) de Joseph Kosinski. Rappelons aussi la présence dans l'histoire du rocker Johnny Cash, mais cette fois il n'est pas incarné par Joaquin Phoenix mais par Boyd Holbrook vu récemment dans "The Bikeriders" (2024) de Jeff Nichols et qui retrouve James Mangold après "Logan" (2017) et "Indiana Jones..." (2017), puis retrouve aussi après "Gone Girl" (2014) de David Fincher son partenaire Scoot McNairy vu dernièrement dans "Blonde" (2022) de Andrew Dominik et "Speak No Evil" (2024) de James Watkins. Citons encore Dan Fogler surtout remarqué dans la trilogie "Les Animaux Fantastiques" (2016-2022) de David Yates, P.J. Byrne vu entre autre dans "Soyez Sympa, Rembobinez" (2008) de Michel Gondry, "Le Loup de Wall Street" (2013) de Martin Scorcese ou "Babylon" (2022) de Damien Chazelle, Charlie Tahan apparu dans "Je suis une Légende" (2007) de Francis Lawrence, "Blood Ties" (2013) de Guillaume Canet ou "The Pale Blue Eye" (2022) de Scott Cooper, David Alan Basche apparu dans "Full Frontal" (2002) de Steven Soderbergh, "Vol 93" (2006) de Paul Greengrass ou "Real Steel" (2011) de Shawn Levy, puis Michael Chernus vu dans "The Messenger" (2009) de Oren Moverman ou "Capitaine Phillips" (2013) de Paul Greengrass... La première chose qu'on note est l'incarnation presque parfaite de Timothée Chalamet, comme quoi les quatre années de travail ont nourri son travail. L'acteur avoue avoir appris de manière intensif la musique dont la guitare et l'harmonica, mais aussi le chant avec la même équipe de coach vocal qui ont collaboré avec Austin Butler pour "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann. Par là même, précisons que tout le mixage est signé de Tod A. Maitland, légende dans son domaine qui a travaillé entre autre sur "The Doors" (1990) de Oliver Stone ou "West Side Story" (2021) de Steven Spielberg. Le film débute très classiquement, avec l'arrivée d'un jeune de 19 ans et sa guitare dans la Grande Pomme où il espère visiter son idole, en espérant surtout qu'il lui apportera une sorte d'inspiration. On remarque ainsi que Mangold reste focalisé sur un style de biopic assez classique et linéaire comme il l'avait fait sur "Walk the Line" (2005). Cela peut paraître trop académique mais finalement colle bien à des artistes qui n'ont rien d'exubérants et permet de jouer surtout sur une autre gamme que du déjà excellent "I'm not There" (2007). A contrario on aime "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher sur Elton John sur la dimension fantasmagorique de sa période seventies, ou plus récemment l'effet "singe" de Robbie Williams dans "Better Man" (2025) de Michael Gracey qui apporte une singularité même si sur ce second on regrette que la partie artistique et musicale soit pas plus étoffée.
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Mangold pour Dylan opte pour un biopic qui se raconte sur les années 1960-1967 en restant heureusement focalisé sur la musique, le rapport de Dylan à l'art et aux contextes politiques, ses inspirations et sur le cheminement qui mènent à l'écriture et à la musique. Il y a donc un équilibre idéal entre l'intime et le quotidien et la partie purement artistique. Sur la partie "privée" il y a forcément quelques libertés sur les faits mais le tout reste aussi véridiques que possibles, on notera surtout des événements mêlés pour des raisons narratives (la partie où il est hué et traité de Judas au Newport Festival se sont déroulés en fait à Manchester en Angleterre en 66), où des omissions comme le mariage avec une mannequin en 65 alors qu'il n'était déjà plus avec Sylvie/Fanning qui se nomme d'ailleurs en réalité Suze Rotolo mais le chanteur a voulu que le nom soit modifié "afin de préserver le souvenir de cet amour", puis enfin rappelons que Woody Guthrie perd l'usage de la parole qu'en 1965. La période choisit est clairement judicieuse car la plus intéressante avec son ascension rapide et cette audace électrique de 65, sans compter évidemment qeu ce sont les années où il vit ses deux plus grandes histoires d'amour. Il y a deux grands atouts, la reconstitution historique et d'époque qui offre une immersion dans les seventies magnifique avec des décors/costumes plus vrais que nature idéalement enveloppé d'un léger grain, puis évidemment la performance de Timothée Chalamet qui est une incarnation bluffante de Bob Dylan bien aidé il est vrai par la ressemblance physique. En prime on notera la jolie révélation Monica Barbaro alias Joan Baez. De plus la B.O. joue la carte fan club assumée avec plusieurs grands titres emblématiques de la période de "Mr Tambourine Man" à Ballad of a Thin man" en passant par "Blowin' in the Wind", "The Times They are a-changin'" ou "Like a Rolling Stone". James Mangold offre une nouvelle fois un biopic intelligent, s'il n'est pas spécialement une preuve historique il est marqué par une authenticité et une sincérité qui fait du bien et qui nous foudroie l'âme dans cette ultime scène entre Dylan et son idole. Un très bon et très beau film à voir et à conseiller.
Note :