Blonde (2022) de Andrew Dominik
Adapté du roman éponyme (2000) de Joyce Carol Oates auteure majeure ayant déjà été portée à l'écran avec entre autre "Foxfire" (2012) de Laurent Cantet ou "L'Amant Double" (2017) de François Ozon, ce projet est dans les cartons du réalisateur Andrew Dominik depuis le début mais les droits du livre était réservé. Mais subjugué par ce roman le cinéaste a su attendre et finalement a pu acquérir les droits en 2010. Le réalisateur-scénariste du film précise e explique sa fascination pour ce roman officiellement fictif mais reprenant les éléments de sa vie : "Pourquoi Marylin Monroe est-elle la grande icône féminine du XXe siècle ? Pour les hommes, elle est un objet de désir sexuel qui a désespérément besoin d'être secouru. Pour les femmes, elle incarne toutes les injustices infligées au féminin, une soeur, une Cendrillon, condamnée à vivre parmi les cendres (...) Je veux raconter l'histoire de Norma Jean en personnage central d'un conte de fées ; un enfant orphelin perdu dans les bois d'Hollywood, consumé par cette grande icône du vingtième siècle." Au départ il était question de Naomi Watts en Marylin mais elle se désista ensuite à priori à cause du côté sulfureux qui commençait à se dessiner, puis se fut Jessica Chastain plus ou moins imposé par un certain Brad Pitt, producteur qui venait de tourner "The Tree of Life" (2011) de Terrence Malick avec elle, l'acteur produisant le film via sa société Plan B Entertianment. Mais finalement le projet a eu des difficulté, sans doute financières surtout, plus assurément parce que Andrew Dominik ajoutait des éléments de plus en plus embarrassants à son scénario. Finalement, il faudra attendre encore quelques années, et le choix d'une nouvelle actrice plutôt étonnant au départ avec l'actrice cubano-espagnole Ana de Armas. Après trois excellents films, "Chopper" (2000), "L'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford" (2007) et "Cogan : Killing Them Softly" (2012), Andrew Dominik se lance ainsi dans une oeuvre au moins aussi audacieuse, et précédée d'une réputation sulfureuse. D'ailleurs, alors que le film doit être diffusé sur la plate-forme Netflix cette dernière semble d'abord échaudée par des rumeurs de scènes chocs (viol et cunnilingus durant les règles) et demande que le réalisateur remonte son film, demande que le réalisateur aurait catégoriquement refusé. Finalement, Netflix accepte malgré une interdiction aux Etats-Unis NC-17 (interdit aux moins de 17 ans), une première pour un film siglé Netflix. Néanmoins, le film est présenté à la Mostra de Venise 2022 à l'issue de laquelle le film obtient une sortie en salles limitée dans quelques pays... Le film reste fidèle au roman comme une "biographie fictive" voulant retranscrire la vie de la star Marylin Monroe de son point de vue imaginaire intérieur et spirituel. Où comment Norma Jean Baker est devenue Marylin Monroe, d'orpheline à icône mondiale en passant par son statut de pin-up, d'actrice et d'épouse mais toujours à la recherche du bonheur et en proie au pouvoir des hommes...
La star est incarnée par Ana de Armas vue récemment dans "À Couteaux Tirés" (2019) de Rian Johnson et "Mourir Peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga mais qui a été choisie par le réalisateur après l'avoir vue dans "Knock Knock" (2015) de Eli Roth. Pour ce rôle au combien difficile l'actrice a travaillé durant un an auprès d'un coach vocal ; elle est joué enfant par la jeune Lily Fisher. Sa mère est interprétée par Julianne Nicholson vue dans "Monos" (2020) de Alejandro Landes et "Togo" (2020) de Ericson Core et retrouve après "Moi, Tonya" (2017) de Craig Gillepsie son partenaire Bobby Cannavale alias Joe DiMaggio acteur ascillant entre rôle de mafieux et comédies vu récemment dans "Jolt" (2021) de Tanya Wexler. Parmi les proches citons surtout Adrien Brody alias Arthur Miller acteur fétiche de Wes Anderson vu récemment dans "Coup de Théâtre" (2022) de Tom George, Xavier Samuel alias Charles Chaplin Jr. vu notamment dans "Anonymous" (2011) de Roland Emmerich, "Love and Frienship" (2016) de Whit Stillman et "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann, Evan Williams alias Edward G. Robinson Jr. surtout remarqué dans les séries TV "Awkward" (2014-2015) ou "Versailles" (2015-2018). Ensuite citons David Warshofsky alias Darryl F. Zanuck vu entre autre dans le dyptique "Insaisissables" (2013-2016) et retrouvant après "Human Nature" (2001) de Michel Gondry l'acteur l'acteur Toby Huss vu dernièrement dans "Copshop" (2021) de Joe Carnahan et retrouvant de son côté Sara Paxton après "The Front Runner" (2018) de Jason Reitman l'actrice retrouvant aussi après "La Dernière Maison sur la Gauche" (2009) de Dennis Iliadis l'acteur Garrett vu récemment dans "Ambulance" (2022) de Michael Bay et "Là où Chantent les Ecrevisses" (2022) de Olivia Newman, Caspar Phillipson alias JFK rôle qu'il retrouve après "Jackie" (2016) de Pablo Larrain grâce à sa ressemblance avec le célèbre président des Etats-Unis, Ravil Isyanov alias Billy Wilder vu entre autre dans "The Good German" (2006) de et avec George Clooney et "Les Insurgés" (2008) de Edward Zwick, Dan Butler qui a la particularité d'avoir joué dans les deux adaptations "Le Sixième Sens" (1986) de Michael Mann et "Le Silence des Agneaux" (1991) de Jonathan Demme, Ned Bellamy vu dans "The Paperboy" (2012) de Lee Daniels ou "Django Unchained" (2012) de Quentin Tarantino, puis enfin n'oublions pas Chris Lemmon alias son propre père Jack Lemmon... Pour commencer il faut revenir sur le fond du propos, car ce film n'est pas un biopic mais une évocation très partiale et dirigée du destin de Marylin Monroe (Tout savoir sur elle ICI !). Ainsi on peut rappeler que enfant Norma Jean aurait été violée à l'âge de 8 ans au sein d'une de ses familles d'accueil mais en aucun cas il n'y a de preuves tangibles pour un viol à l'âge adulte. Ensuite on peut toujours tergiverser sur les "faveurs sexuelles", car une chose est sûre c'est que Marylin n'était pas une constante dépressive, qu'elle a aussi connu du bonheur, et surtout n'était pas une écervelée idiote mais une femme intelligente, travailleuse et surtout lucide. À ce sujet, ses débuts en disent long et on ne peut que conseiller le superbe documentaire sur Arte (ICI !). Le réalisateur prend le parti pris presque inverse, il montre bien le côté bosseuse et curieuse mais il en fait une victime continuelle ce qui va à l'encontre de la réalité des faits, d'ailleurs la romancière Joyce Carol Oates a son idée sur ce point : "Andrew Dominik a peut-être cru qu'il tournait un film de l'ère #MeToo dans Blonde qui serait reconnu comme exposant la cruauté masculine et les abus sexuels sur les femmes et le dénigrement de Marylin Monroe en tant que victime poussée finalement à se suicider." - Rappelant que la question de son suicide est toujours sujet à caution !...
Néanmoins, le film prend des libertés assez importantes comme aussi la relation de "trouple" avec les fils Chaplin et Robinson complètement fictif bien qu'elle ait eu une liaison avec le fils Chaplin, ou cette partie très fantasmée car invérifiable avec JFK, on ne peut que voir ce film comme une variation symbolique de sa vie, comme le voit Joyce Carol Oates : "surprenant, brillant, dérangeant et étonnement féministe dans son interprétation..." Esthétiquement on est à la fois fasciné et perplexe, ce passage constant entre couleur et Noir et Blanc reste visuellement envoûtant mais on ne comprend jamais vraiment ce choix, surtout que le cinéaste avoue que c'est un choix gratuit qui n'a pas vraiment de "sens d'histoire". Par contre on peut y voir inconsciemment un parallèle avec les oeuvres de Marylin, entre ses photos pin-up et sa filmographie qui oscille toujours entre couleur et NB. Par là même, le choix de format qui change également constamment entre 4 formats (1:1, 1,37:1, 1,85:1 et 2,39:1 pour les connaisseurs) donne une dynamique qui reste pourtant flou sur la signification éventuelle de ces choix. On constate qu'un grand nombre de plans ou de scènes sont directement tirés des photographies les plus célèbres de la star. Malgré ses choix esthétiques discutables sur le fond mais tellement sublimes sur la forme, le plus gênant reste le propos et les idées que peuvent véhiculés un tel film. Le réalisateur semble avoir voulu être fidèle à la vie de la star tout en dénonçant le patriarcat pervers, néanmoins on peut aussi se dire que Andrew Dominik est un peu hypocrite tant il profite lui-même du sex appeal de Marylin/De Armas de façon très gratuite comme la nudité omniprésente et scènes de sexe fictives volontairement choquantes. En conclusion, Andrew Dominik signe une évocation de la vie de Marilyn Monroe faussée et fantasmée dans le sens le plus glauque qui soit comme un miroir déformant, mais on ne peut nier que le film reste d'une beauté visuelle inspirée, que le côté féministe est sans doute plus ou moins valable et que, surtout, Ana de Armas offre une performance inouïe pour être la plus belle incarnation de Marylin sur grand écran. Un film difficile qui reste à voir.
Note :